Juillet 1983 - les Coupes
de l'Age d'Or de Montlhéry
:
J'arrive sur l'espace club, à la toute
première heure, avec un mat et un drapeau sous le bras.
J'y retrouve une personne, chargé
du camion de démonstration du Club Mercedes, qui me demande la
possibilité de stationner son 1800 pour le mettre en vente.
C'est avec grand plaisir que je l'invite à
garer son véhicule tout en en profitant pour me débarrasser
du mat vraiment trop encombrant pour un piéton !
Je ne vous dirais pas ce qui s'est passé
sur le circuit ce samedi car j'ai passé la journée à
tourner, retourner, autour de ce 1800 un peu bizarre. Des pare-chocs en
forme de cornes, des chromes baroques, un intérieur complètement
différent, suédoise construite en Angleterre ? Pour couronner
le tout, des phares de 403 et des clignotants avant de 2CV !
Bref, un embarras devant ce bitza !
Le coup de folie :
Rentré
à la maison, je me suis précipité sur les rares bouquins
de la collection Brooklands Books pour découvrir que c'était
l'un des premiers 1800 construits chez Jensen.
S'en était trop, il me le fallait !
Le dimanche matin, de nouveau aux aurores,
je grimpe dans le camion du Club Mercedes, tape sur l'épaule de
la personne occupée à démarrer son groupe électrogène
et lui tend les annonces disposées sur les vitres. "C'est
plus la peine, j'achète !"
A cette époque, on pouvait encore
se permettre d'exprimer ses pulsions sans se faire pigeonner et discuter
les prix. Le seul "Hic" il souhaitait absolument être
payé en espèces !
20.000 flancs, cela faisait une somme ! J'étais
bien incapable de les trouver dans l'immédiat. Je me suis donc
précipité chez mon grand-père pour lui soulager sa
boite à biscuits ! (Si, si cela se fait dans les campagnes)
Passionné de voitures (il a roulé
dans à peu près tout ce qui s'est fait en bi-cylindres Panhard)
il fut aussi emballé que moi en voyant les photos se rappelant
un machin du même genre dans un vieux feuilleton télévisé
dont il ne se rappelait plus le nom ! Il me les prêta à la
seule condition que je lui montre le samedi suivant pour voir si je ne
m'étais pas fait avoir.
Il m'a fallu encore patienter une semaine
avant de pouvoir profiter de mon nouveau jouet. Pendant ce temps, j'ai
pu en savoir plus sur cette bizarrerie et découvrir que c'était
tout simplement le 5eme coupé vendu en France !
Samedi matin, direction Nogent le Rotrou,
pour retrouver l'ami Gérard (on se voit toujours le samedi de l'Age
d'Or !), poser des plaques W garage (j'avais cette chance) et filer vers
Nemours pour rejoindre mon grand-père !
En 150 kilomètres, deux contrôles.
C'est là que j'ai appris à faire connaissance avec les forces
de l'ordre !
Pas tellement pour vérifier "les documents afférents
au véhicule" mais plutôt pour connaître ce modèle
pas courant et savoir ce qu'il y a sous le capot.
Là, j'ai découvert toutes les
tares du 1800 : son ambiance chaleureuse (même en plein hiver),
son niveau sonore, sa tenue de route fantaisiste, son freinage exotique,
j'en oublie certainement.
Bref les défauts d'une conception ancienne
alliés à l'usure du temps, tout ce qui fait qu'on déteste
et on s'en sépare de suite ou on adore et le garde jusqu'à
la nuit des temps (j'espère !).
Arrivé à Nemours,
revue de détails. Mon grand-père était aussi heureux
que moi de cette acquisition. Je crois me rappeler que nous avons bu une
bonne bouteille !

Depuis nous avons fait ensemble des milliers de kilomètres en promenades,
rallyes touristiques et autres courses de côtes. Avec toujours autant
de plaisir ! ! !
 
Restauration totale de 1991
à 1994, il a fait les honneurs du N°114 de Rétroviseur,
en février 1998," Spécial P1800 ".
Et plus récemment du N°285 d'Auto Rétro, en mars 2005,
"Volvo P1800, tout en finesse"
Au fait, j'oubliais
C'est le numéro de série 1168, fabriqué en novembre
1961, j'en suis le 3è propriétaire.
© Georges Houze
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