« Moche de loin mais loin d’être moche ! »

      " J’ai la chance d’avoir un père passionné comme moi de voitures sportives, mécanicien d’origine et surdoué de ses mains. A la retraite, il consacre tout son temps à cette passion : la restauration de véhicules anciens.

Ainsi, j’ai eu la chance de dénicher en 2000 une Austin Healey 3000 américaine avec beaucoup de corrosion et un châssis plié. Comme rien n’effraie mon père, il lui aura fallu un an à temps plein pour refaire l’auto en état concours. Aujourd’hui, je prends beaucoup de plaisir à rouler avec, dès qu’un rayon de soleil le permet.

Afin de remplir son « agenda de retraité », j’ai ensuite trouvé un modèle plus rare : un coupé Simca sport de 1953. Cette voiture conçue sur une base Aronde était façonnée par Facel Metallon qui devint ensuite Facel Vega. Cette voiture est sur le point d’être achevée en état concours en partant du châssis nu qui était plus mité qu’une armoire charentaise !

Afin de préparer l’après Simca, j’ai voulu acheter une Volvo P1800 car j’adore les lignes de cette voiture.


Photos © Collection Eric Beau

Après quelques recherches infructueuses (j’ai fait 500km en une après midi pour aller voir une épave situé à Dijon dont le châssis était irrécupérable), j’ai eu la chance et le plaisir de me faire conseiller par Joel Durand, créateur de ce site dédié au P1800. Ce dernier, fort sympathique et passionné de longues dates de Volvo, m’a orienté sur plusieurs pistes de propriétaires susceptibles de vendre leur auto. Après quelques semaines infructueuses, Joel m’orienta vers cette voiture #365 situé à Auxerre. Le propriétaire en voulait un prix trop élevé mais après quelques mois sans acheteur, il devint plus raisonnable. Je décide donc entre midi et deux d’aller voir ce véhicule avec un sandwich comme seul compagnon. Arrivé sur place je trouve une auto peu rassurante au premier abord (j’avais encore celle de Dijon en tête) : peinture craquée par la rouille, intérieur à moitié démonté et surtout rempli d’eau (une vraie baignoire) car la voiture couchait dehors depuis quelques mois après avoir dormie longtemps au chaud dans un garage.


Photos © Collection Eric Beau

En examinant de plus près la carrosserie et le châssis, je constate un état global TRES convenable pour une voiture de cet âge. C’est ainsi que je la définis comme étant moche de loin (et de près) mais loin d’être moche.

J’essaie une négociation finale avec le propriétaire (après une première négo par téléphone) mais ce dernier reste bloqué sur son prix plancher.

Je repars donc sur Paris sans conclure, la tête remplie d’images et de rêves et mon sandwich dans l’estomac.

Renseignements pris le lendemain auprès de Joël et d’autres personnes, je me décide au bout de quelques jours à rappeler le propriétaire pour lui signifier mon accord au prix demandé (eh oui, une telle auto ne pouvait pas finir sa vie déguisée en baignoire).



Photos © Collection Eric Beau

Il fallut ensuite redescendre sur Auxerre pour signer tous les papiers (le propriétaire ne voulait rien faire par téléphone) et trouver un transporteur (destination Charente Maritime).

Aujourd’hui la Moche Belle dort au chaud en attendant son Prince Charmant Retraité.


Photos © Eric Beau

Elle devrait respirée de nouveau dans une robe conforme à l’origine (rouge extérieur et blanc intérieur) d’ici 2 ans maximum et fera la joie de son propriétaire, de son restaurateur et d’admirateurs avisés comme vous, amis lecteurs.

A ce titre si vous pouvez m’aider, je suis preneur de toutes pièces détachées encore en vrac dans votre garage, je vous en serai gré (surtout mon portefeuille qui après 3 voitures, en a pris un coup !). D’avance merci pour cette bonne action (radiateur, maitre cylindre de freins, silencieux, réservoir d’essence, entourage de calandre chromé, caches plastiques des feux arrière, cabochon de clignotant, un emblème Volvo et les 5 lettres …). Par avance, merci.


Photos © Eric Beau

Ah j’oubliais, en portant le #365, cette P1800 fut la 4ème Volvo fabriquée officiellement pour le marché français. Je ne sais pas ce que sont devenues les 3 premières (#8, #28 et #51) ? J’espère qu’elles dorment encore dans une grange ou un garage de province ! Je ne sais pas non plus ce que sont devenues ses 2 sœurs jumelles (#366 et #367) également destinées au marché français ?

En attendant, cette #365 semble être la plus ancienne de France connue à ce jour (c’est ce qu’on appelle un hasard heureux !).

Encore un grand merci à Joel."

Texte et Photos © Eric Beau