" Juin 2006. Je me souviens d'un grand ciel bleu en sortant d'un café porte Maillot, où je venais de conclure l'achat de ma P1800. 3000 euros pour une voiture en bel état apparent mais démontée et donc à... remonter ! La tâche est confiée au vendeur, auteur d'un beau travail de carrosserie. Hélas, trois fois hélas, il est loin d'être aussi compétent dans tous les domaines... Sa situation personnelle précaire agrave les choses, le chantier n'avance pas, l'auto se retrouve en extérieur, exposée aux éléments et au vol, d'autant que le bonhomme a finalement élu domicile dans une caravane, parmi des gens du voyage. Et à défaut d'un inventaire exhaustif, je réalise (trop tard, donc, erreur de débutant !) que de (très) nombreuses pièces sont absentes, défectueuses ou non d'origine. Le cauchemar !


Début du marathon (inachevé à ce jour, même si le bout du tunnel est proche), des soucis, de la croisade pour trouver les éléments manquants, des signatures de chèques (un peu trop fréquentes à mon goût, et à celui de ma banquière !)... Mais aussi début des joies qui accompagnent le réglement des problèmes, des satisfactions lorsque je parviens à dénicher la perle rare (un volant, un tachymètre en kms/h, entre autres), de la fierté à remettre la voiture dans son état d'origine.

Grâce à Joël (bienfaiteur de la communauté volvoïste !), je confie la suite des opérations à un expert, un vrai, devenu un ami. D'abord, récupérer la caisse, toujours à l'air libre mais déménagée sur un autre terrain (le quatrième...). L'orifice de remplissage d'essence est ouvert, laissant libre accès à la pluie ! Les ronces ont commencé à pousser à travers le compartiment moteur ! Vite, sur un plateau, direction le garage de mon sauveur.




Photos © Olivier Santicchi

Il va TOUT reprendre: les trains, les freins, le réservoir donc, l'électricité, le circuit de refroidissement, l'échappement... Parallèlement, la sellerie est confiée à un autre artisan: le premier, professionnel retraité arrondissant ses fins de mois, a non seulement mal travaillé (malgré un book très impressionnant) mais a en plus eu le mauvais goût de passer l'arme à gauche en laissant le chantier inachevé... Dans ces moments-là, on se demande ce qu'on a bien pu faire pour mériter autant de malchance... Nouveau sellier, donc. De son côté, la caisse part en carrosserie et peinture. Car au fil des déplacements, elle a "travaillé" et révélé quelques cache-misère: corrosion perforante autour du capot par exemple, dissimulée par 6 mms de mastic ! Décapage, ressoudage, ponçage, apprêt, peinture, la voilà toute pimpante ! Tous les compteurs sont entre-temps partis chez Renotech, près de Lyon, dont ils reviennent comme neufs. Il est temps de démarrer le moteur, annoncé refait de A à Z par le vendeur mais qui n'a jamais tourné (la faute à un démarreur incompatible venu d'on ne sait où). Sachant la rigueur dont il a fait preuve dans d'autres domaines, je crains le pire. Mais non ! Ca part au quart de tour, belle musique, impec'. Un grand moment. Par contre, problème de boîte: seule la quatrième passe, et avec difficulté. Mon mécano préféré dépose, tout seul, la cloche, puis l'ensemble boîte-overdrive. Le tout file chez, à ma connaissance, le meilleur spécialiste de ces organes en France. Il teste, reconditionne, change: fin des soucis de ce côté-là. J'ai enfin pu ROULER dans mon auto. Oh ! Pas grand-chose, deux aller-retour dans la rue, devant l'atelier. Cette mélodie bien présente aux oreilles, cette position de conduite confortable mais tellement peu propice à la visibilité du conducteur... Le bonheur !


Photos © Olivier Santicchi

Bien sûr, ça n'est pas terminé. Ce maudit mécanisme d'essui-glace, par exemple, qui me donne du fil à retordre... Ou la manivelle du cric, qui reste à trouver ! On n'a jamais fini, c'est bien connu. Mais, tout de même, ça sent la fin. Encore un peu de patience, juste un tout petit peu, avant d'éprouver le plaisir du propriétaire de P1800. Vous, vous savez déjà ce que c'est. Parfois depuis fort longtemps. Pour moi, c'est nouveau, proche, imminent. Je ressens presque le soulagement du coureur de fond qui voit la ligne d'arrivée. Celle du marathon, évidemment... "

Texte et Photos © Olivier Santicchi

 


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