" Comme promis, quelques photos de ma P1800, n° de châssis 15459. Achetée en février.
Mise en circulation le 14 juin 1965 (le jour de mes 12 ans).
Une voiture restaurée il y a une dizaine d'années (deux nouvelles ailes, peinture, moteur, boîte, OD, servo frein).
La voiture a fort peu roulé depuis (6000 Km?), et n'a pas (ou peu) été entretenue.
Je passe donc mon temps à un contrôle rigoureux de la voiture, avec remplacement (entre autres) du rembourrage des sièges, des serrures, des amortisseurs, du réservoir, réglage du moteur, sécurisation de l'électricité et graissage de toutes les parties mobiles.
Elle a été remise dans sa robe d'origine, le bleu clair n°89." © "Lucas"


Photos © "Lucas"

Jacques et sa femme ont pris une semaine de vacances en juin 2008 pour sillonner les routes de notre douce France. Quelques 2000 km sous une météo qui n'était pas des plus favorables !!! Voici, ci-dessous, un très beau reportage que Jacques a préparé pour le journal "Uitlaat" du Club Volvo Belge :

" 2000 KILOMETRES EN P1800 "

" Une voiture, même ancienne, c'est fait pour rouler. Fort de ce principe, je roule en Coccinelle quasi tous les jours, ayant parcouru 105.000 Km en 6 ans. La cox est aussi la voiture des vacances, prises hors saison, dans des bleds peu fréquentés. C'est ainsi que cette brave voiture du peuple nous a amenés en Provence, Alsace, Franche Comté, Normandie etc. sans jamais nous laisser en panne au bord de la route.
Puis l'occasion s'est présentée d'acheter la belle P1800 de Bart Beaumont. Une belle restauration, que cette voiture. Le plus gros des travaux avaient été faits ; carrosserie, moteur, boîte et overdrive. Le reste du boulot pour la rendre utilisable tous les jours se trouvaient à ma portée ; nouvelles mousses et lanières de sièges, mise au point du moteur et vidange des tous les liquides. Après quelques trips (et deux pannes…) et 2000 Km en Belgique, j'ai estimé que la Volvo pouvait nous emmener en vacances. Quoi de mieux, en fait, pour tester une voiture, que de la faire rouler ?
Donc départ d'Oostende le lundi 2 juin à 7 heures. Première surprise ! La grande valise qui se case sans problème dans le coffre avant de la coccinelle ne rentre pas dans le coffre de la P1800, à cause de la roue de secours. Madame lucas râle un peu, puis monte au grenier chercher d'autres valises plus petites.


Donc re-départ quelques temps plus tard, direction la Franche Comté, plus exactement le village de Gy, à 598 Km GPS de la maison. Vous ne connaissez pas Gy ? Pas grave ! Il n'y a rien, sauf un petit hôtel charmant, avec 9 chambres et une piscine, deux restaurants fort corrects, une gendarmerie, un bureau de poste etc. C'est le calme absolu et le repos assuré. Ajoutez à cela des paysages magnifiques, des routes départementales en bon état, et l'absence totale de caravanes et mobil homes bataves. Vous l'avez compris, la région de Gy est le bout du monde, idéale pour des vacances en anciennes.
0830, et on se retrouve dans les bouchons de Lille. Ca commence bien, d'autant qu'il pleut à verse. Petit cri de madame lucas " il pleut dans la voiture ! ". J'avais pourtant passé une partie des joints de pare brise et de vitre arrière au silicone, sachant que les vitres avaient été remontées avec les vieux joints. Il faut dire que ces vitres fort esthétiques doivent représenter un vrai cauchemar pour un carrossier. Mais bon, quelques kleenex dans le coin du tableau de bord ont raison de la voie d'eau. Le pire viendra plus tard. D'ailleurs, le ciel s'éclaircit, les bouchons se diluent les panneaux " Reims " apparaissent, et on continue.
Le moteur se comporte bien. Une vraie merveille, ce B18. Coupleux à bas régime, puissant, il nous emmène sans problème à 105, 110 Km/h sur l'overdrive. Rouler plus vite devient assourdissant, on se croirait dans un avion de tourisme au décollage. Et relativement économe avec cela : 9 litres aux cent, consommation fort différente par rapport aux débuts, ou je consommais dans les 15 litres au 100. Il faut dire que j'ai passé pas mal de temps à le régler ; 0.50 mm aux soupapes, 17° d'avance à 1500 RPM, 60° d'angle de Dwell et les carbus SU synchronisés au dépressiomètre.
Arrêt vers midi sur l'aire de repos de Troyes, avec un plat du jour acceptable. La qualité des menus s'est nettement amélioré et nous change de la malbouffe des restoroutes des années '80.
Direction Reims, Langres, et manipulation laborieuse de la carte Visa au payage autoroutier. La P1800 est passe, et la largeur des portières ne permet pas d s'approcher près des bornes.
Puis on quitte l'autoroute pour les belles nationales. Le moteur fait merveille, mais la direction devient dure. Bart m'avait averti de ce problème, et j'en avais vite compris la cause. Le boîtier de direction ne contenait plus que qu'un fond de sirop de Liège qui fut sans doute de l'huile à une époque lointaine. Fort de ce constat, j'avais aussi contrôlé le niveau d'huile du pont ; bingo ! Il contenait la même substance visqueuse que le boîtier.
Petit arrêt pour donner du jeu au doigt du boîtier. J'ai emporté tout le beauty case de la belle, dont la clé à douille de 3/4" nécessaire pour l'intervention. La direction devient plus floue, mais le volant revient de nouveau à zéro en sortie de virage.
Le moteur ne chauffe pas d'un poil, et le thermomètre reste invariablement bloqué sous les 212° F, ce qui donne de 90 à 95° C. Mais petit soucis, il se permet de l'auto allumage, ce qui manque d'élégance à l'arrêt, mais qui trahit un manque d'avance à l'allumage. Evidemment, j'ai oublié la lampe stroboscopique au garage. C'est donc avec prudence que je tourne l'allumeur de 2 ( ?) degrés, ce qui donne une avance de 4° de plus. Bien sûr, le ralenti s'en ressent, et j'ai laissé le dépressiomètre à la maison (soupir). Un quart de tour aux vis de réglage ramène le ralenti dans des limites raisonnables, mais je pense que la synchronisation en a pris un coup. Tant pis, on fera avec. Arrivée en fin d'après-midi à Gy, avec une moyenne de 82 Km/h : en tenant compte des arrêts, c'est raisonnable.
Au menu du souper foie gras poêlé sur fond de pain d'épice, avec une sauce demi-glace qui ne vient manifestement pas d'un pot, confi de canard et crème brulée parfumée à la pistache. Le tout arrosé d'un Pinot noir de la région. Et oui, la Franche Comté produit ce vin, léger, parfumé, avec une belle robe rubis. Un vieux marc de Champagne pour faire passer le tout, une petite promenade dans le village pour digérer, et au lit après une journée bien remplie.
Le lendemain, il fait beau. On va en profiter pour visiter le musée des maisons comtoises, à quelques 60 Km. Je change les préférences du GPS : pas d'autoroute, et itinéraire plus court plutôt que rapide.

Sur les petites routes, la P1800 se comporte à merveille. La troisième vitesse est à peine nécessaire tant le moteur reprend bien à bas régime. Encore une chance que le changement des vitesses se limite à la manipulation du levier de l'overdrive, car on ne peut pas dire que le levier de boîte soit des plus légers. Par contre, pas de danger que les vitesses sautent ! Chaque rapport se verrouille avec une bruit rassurant. Une vraie boîte de camion, où il n'est pas question de passer les rapports à l'arraché. Par contre, la suspension arrière émet parfois un bruit métallique quand je roule d'avant en arrière. La voiture se réveille d'un long sommeil et n'avait sans doute plus l'habitude de tels voyages. En cause les silentblocs des bras Panhard, toujours d'origine, qui ont durci avec le temps. Je profiterai de cet hiver pour tout changer derrière, y compris les lanières de toile qui limitent le débattement vertical des roues dans les virages, et dont il ne reste que des bouts symboliques.
Le musée des maisons comtoises (25360 Nancray) est un musée en plein air, à l'image du domaine de Bockrijke. Musée aéré, situé dans un cadre magnifique, qui nous rappelle comment vivaient nos ancêtres.

Dîner dans le restaurant du musée, forcement léger après les agapes de la veille. Juste une salade avec des pommes de terre en robe des champs, quelques tranches de saucisse de Morteau, le tout nappé de cancoillotte, un fromage à base de lait caillé cuit et de vin blanc. A découvrir…

Retour via Besançon, une jolie ville où le GPS se plante lamentablement en hésitant entre la rive gauche et la rive droite de la rivière, ce qui ne facilite pas les choses aux heures de pointe. Je me console en pensant au cassoulet que je goûterai le soir, dans l'autre restaurant de Gy. Un cassoulet en Franche Comté, cela étonne, mais celui préparé par la patronne en vaut la peine.

Mercredi 4 juin. Le ciel se couvre, confirmant les prévisions pessimistes de Météo France. Mais il ne pleut pas (encore). On va à Ornans (25290), la Venise de Franche Comté, qui doit son surnom aux nombreuses maisons bâties le long de la rivière.
C'est la ville du peintre Courbet. Le guide Michelin y recommande un bon restaurant, le Courbet (comme par hasard). J'avais noté les truites au vin jaune, mais le chef change sa carte tous les mois. Je dois donc me contenter d'un carré d'agneau au miel épicé (curcuma et coriandre), une découverte ma foi bien agréable. Madame prend un classique feuilleté d'escargots. Un vin d'Arbois parfaitement servi et une addition raisonnable rendent le repas plaisant. Pour faire plaisir à madame, on va visiter le musée du vêtement comtois, qui reprend la mode du début du XIX ième à 1940. Madame admire, et moi je fantasme un peu en pensant au temps qu'il fallait pour ôter les frivolités aux belles de jadis…
Météo France avait raison. Le retour se passe sous la pluie. Tant qu'à présent le Kleenex suffit à éponger l'eau qui coule du tableau de bord, mais la moquette est humide du côté de madame, qui bien sûr a laissé traîner la carte Michelin sur le plancher. Il faut dire que la P1800 n'est pas bien pratique et manque cruellement d'espaces de rangement. Une boîte à gants manque, et je ne sais pas où caser mes pipes et mon tabac. Il y a juste moyen de coincer mon Zippo entre le compte-tours et les thermomètres.
Puis, comble de malchance, le ressort de verrouillage du quomodo des clignotants saute, et a la bonne idée de tomber sur la moquette. La manette reste bien bloquée en position gauche, mais lorsque je tourne à droite, je la dois maintenir en position haute avec la main. Pas pratique pour prendre les ronds points. Mais bon, on est en France, et l'usage du clignotant pour quitter un rond point n'est pas encore entré dans les mœurs.

Jeudi 5 juin. Il pleut. Mais Thiers nous attend. Nous avons rendez-vous samedi pour un meeting Volvo/Saab, tous types confondus. Il faut partir et rouler 350 Km sous la pluie. Le coffre reste sec, mais inutile de sentir la moquette ; elle est humide, non seulement à l'avant droit, mais aussi à l'arrière gauche. Problème d'étanchéité inhérent aux modèles coupés, sans montant de vitre sur les portières. Mais le pire était encore à venir.
Pause midi à Le Donjon (03130). On choisit par hasard un restaurant en bord de route, chez " Thérèse Henry ". Un endroit franchement mémorable, avec la patronne qui serre vigoureusement la main des clients, déclare qu'on est en Charolais et qu'ici, " tout le monde est communiste ". Elle vient régulièrement voir si tout se passe bien, raconte une blague un peu salace et retourne en cuisine. Cette conduite étonne un peu et fournit un sujet de conversation entre les tables, ce qui donne au repas une note fort sympathique. Et puis, on y mange bien, et pour pas cher.
On quitte le restaurant un peu à regret. Dehors, il pleut.

Nous sommes arrivés en début de soirée à Thiers, ville qui doit sans doute être jolie sous le soleil, mais nous ne l'avons vue que sous la pluie. Si vous y allez, évitez le " creux de l'enfer ", à moins que vous ne vouliez vous entraîner pour le Paris-Dakar tellement la route est en mauvais état.
Vendredi 6 juin. Il pleut. On avait l'intention de visiter un peu l'Auvergne, mais on n'est pas allé plus loin que Saint-Yorre, et où on a fait une découverte archéologique, dans un troquet dont je ne citerai pas le nom :
Un authentique WC à pédales ! On devrait les classer au patrimoine mondial de l'humanité avant que les derniers exemplaires ne disparaissent.
Retour en chambre d'hôtel pour bouquiner. Que voulez-vous faire d'autre quand il tombe des cordes ? Mais bon, courage, météo France annonce une courte embellie pour le lendemain matin.
Samedi 7 juin. IL NE PLEUT PLUS !
En route vers le meeting, où nous attendent déjà une dizaine de Volvo, en majorité des récentes. Les anciennes rejoignent dans le courant de la matinée, pour finalement atteindre le nombre de 40 voitures. Les organisateurs (Scandi'Cars Club de France) attendaient 200 voitures, et avaient prévu un concert en plein air le soir. Le mauvais temps a beaucoup gâché, mais nombreux étaient les " vrais ", qui avaient roulé plus de 500 km sous la pluie pour participer.

Car la pluie a recommencé à tomber vers 11 heures. Sous les parapluies, les conversations entre passionnés concernent plus les nuages que la mécanique. Les dames se sont réfugiées dans les voitures.
Début d'après-midi, et on repart direction Troyes en Champagne, distante de 400 km. Par beau temps, le voyage empruntant la vénérable nationale 7 (on est vintage, ou on ne l'est pas) aurait pu être plaisant, mais sous le déluge, c'est l'enfer. Aux stratus bas ont succédé les nimbostratus au ventre noir. Les essuie glaces essaient en deuxième vitesse d'améliorer la visibilité vers l'avant. Vers l'arrière, peine perdue, la vitre est embuée. La moquette est aussi détrempée que celle d'un pub anglais à l'heure du last call. A chaque virage prononcé, je sens une goutte me tomber sur le pied droit. Les déflecteurs sont verrouillés car ils ne laissent pas passer des gouttes mais un filet d'eau. Idem pour les trappes de ventilation dont j'avais pourtant nettoyé le joint et graissé le mécanisme. Je dois entrouvrir la vitre et utiliser le chauffage. Malheureusement, le " restaurateur " n'a pas pigé le principe de fonctionnement du thermostat de chauffage lors du remontage. Le fil de cuivre pend lamentablement dans l'habitacle (au lieu d'être logé dans le coffret de ventilation) et ne remplit pas sa fonction régulatrice. C'est de l'air très chaud qui rentre dans l'habitacle dès qu'on abaisse le levier "TEMP ".
Mais on continue. D'ailleurs on n'a pas le choix. Le brave B18 ronronne comme toujours, fidèle et rassurant. Le cadrant de pression d 'huile indique 5 Bar, comme si l'aiguille était collée à cette valeur, le thermomètre d'eau indique ses 190°F, et celui d'huile monte à 200° F. Avec les tonnes d'eau qui dégringolent, je ne regrette pas d'avoir changé les vis platinées, le rotor, le couvercle et le condensateur du distributeur. Le système électrique tient bon ; j'ai juste constaté une phare avant remplit de buée.
Au fur et à mesure que Troyes approche, la pluie diminue et le ciel s'éclaircit. A un tel point qu'il ne pleut plus lors de l'arrivée à l'hôtel. Nous avions choisi un hôtel en plein centre ville, qui disposait de garages fermés pour ses clients. C'était donc le moment de vider la voiture, et de constater les dégâts de la journée. En gros, 1 cm d'eau dans le coffre. L'eau s'est infiltrée par le joint de coffre, et non plus par le joint de vitre. Il faudra le changer. La fuite principale vient du pare-brise. Je vais repasser un ruban de silicone neutre entre le joint et la carrosserie. Les entrées d'eau par les portières peuvent être considérées comme " normales ", car les joints sont neufs.
Voilà, la P1800 est au sec, portes ouvertes pour faire sécher un maximum la moquette. Et nous nous offrons une balade en centre ville, sans parapluie. Souper dans une brasserie, avec au menu l'andouillette de Troyes. J'en ai pris par curiosité culinaire. Elle me fait penser au haggis écossais donc pas vraiment le plat que l'on recommande.
Dimanche 8 juin. Il ne pleut plus, et les coins de ciel bleu s'élargissent. Un trip sans problèmes de 400 Km, en majorité sur autoroute, avec une halte à Mouscron pour le dîner … Dans un restaurant chinois, bien coté avec raison dans le Gault et Milhaud. Une découverte pour les gourmets, mais pas pour nous qui connaissons l'établissement. Nous profitons de notre passage dans la ville des Hurlus pour faire un petit coucou au meeting de coccinelles qui a lieu ce jour-là.

Arrivée à la maison en fin d'après-midi. Pour tirer quelques conclusions sur ce voyage.
Pas une seule fois la voiture ne nous a laissé tomber. J'ai juste du ouvrir le capot pour contrôler les niveaux .Pas de soucis, sauf que le moteur consomme dans les 0.4 litres d'huile en 1000 Km, ce qui reste dans les limites du raisonnable. Les joints n'ont pas résisté aux trombes d'eau qui sont tombées ces jours-là ? Un trou de la taille du chas d'une aiguille aurait suffit à remplir une baignoire. Et Bart m'avait averti que la voiture (comme moi !) n'aimait pas l'eau. Le ressort de la commande des clignotants ? Il avait fait son temps après 43 ans de bons et loyaux services. J'ai réparé entretemps, en retendant un ressort grâce à des outils de dentiste. Il aurait fallut déposer une partie du tableau de bord pour déposer la commande.
Et enfin, les soucis de suspension arrière et de boîtier de direction font partie des problèmes normaux avec une voiture de cet âge.
Donc, je sais que faire cet hiver, et l'année prochaine, on remet ça ! Une voiture, même ancienne, c'est fait pour rouler,
non ? "
Textes et Photos © "Lucas"

1er Scandi'Cars Music Day 2008